Frasiak - Le tumulte des choses

par JOSEPH Serge

« FRASIAK : l’artiste essentiel au sommet de son art ! »

Cela pourrait et cela devrait être « la une » du futur magazine « Hexagone » tant cet album est abouti, tant cet album est phénoménal, tant cet album est exceptionnel. Du grand art !

« 15 chansons dont 2 reprises. Un album musical aux couleurs de la vie. Enragé, militant, nostalgique, amoureux, drôle. » C’est le teaser qu’Éric Frasiak a bien voulu nous dévoiler dans sa lettre d’info de l’été.

Eh bien, c’est exactement ça… Mais à vrai dire, un peu plus, et même beaucoup plus ! On aurait pu rajouter beaucoup d’adjectifs tellement ce nouvel opus est riche.

Comme à son habitude, Éric nous livre des chansons sociales, des chansons révoltées, des chansons drôles, des chansons tendres qui représentent toutes les émotions de la vie. De belles histoires dans lesquelles les gens se reconnaitront. Ce sont aussi souvent des chansons hommages… Hommage aux gens qui se battent, hommage à ses amis, hommage à ses amours, hommage à sa jeunesse, hommage à son public, hommage à son frangin… Et comme toujours, des mélodies, du rythme, de l’émotion et de la poésie…

L’album s’ouvre sur « La colère de Greta » (Thunberg), chanson forte sur le combat de cette jeune militante écologiste et sur l’inaction face au changement climatique. Le ton est donné.

On connaissait déjà certaines chansons pour les avoir entendues sur scène ou pour les avoir vues sur la toile sous forme de maquette. Maquettes déjà fort abouties qui pourtant après un passage en studio prennent une dimension magistrale. Car avant de graver la chanson finale, Éric peut passer des mois à la triturer, à la maltraiter, à la fignoler. Méticuleux et perfectionniste, tout est pensé, rien n’est laissé au hasard, chaque idée, chaque mot, chaque virgule, chaque note, chaque son est minutieusement travaillé. Et le résultat est là… Grandiose, exceptionnel !

En 2020, pendant le temps de la pandémie et du confinement, 3 titres très forts, témoin de ce temps tumultueux, ont été écrits et présentés sous forme de maquettes déjà très chouettes. « L’ennemi invisible », écrite le 20 mars 2020, cette chanson retrace minutieusement le début de la pandémie et restera à jamais le témoin d’un temps inédit et trouble !

« Non-essentiels », qui aurait dit qu’un jour on appell’rait comme ça
Ceux qui marchent à la poésie, à l’émotion et aux pourquoi ?
Quel est le faiseur de parlottes, le p’tit gratte-papier du pouvoir
Qu’a choisi ces mots de despote pour insulter nos belles histoires ? 

et « Couvre-feu » Mais aux baratineurs qui nous infantilisent
Je dis avec le cœur libre sous ma chemise
Museler tous les endroits où on refait le monde
C’est donner de la voix à la sale bête immonde

On pensait bien les connaitre et bien on les redécouvre avec une musique incroyable comme le final époustouflant de « Couvre-feu ».

« L’ordre des choses » très jolie chanson dédiée à son ami Patrick Boez, créateur de la radio et du festival « Jambon-Beurre » à Saint-Pierre et Miquelon et le titre instrumental de très haute volée et de toute beauté qui vous rentre dans la tête et vous prend aux tripes « Salut frangin » constituent 2 titres d’une grande émotion.

J’aime aussi Frasiak parce qu’il aime et défend la cause animale. « Galgos » est une chanson poignante et terrifiante sur le terrible sort de ces chiens espagnols suppliciés et martyrisés par « des galgueros sans cœur », par des connards « sans morale, imbéciles-chasseurs » qui défendent d’horribles et inadmissibles traditions ancestrales. « Le galgo est un chien particulier, attachant et d'une grande sensibilité. Il a la grâce du cheval et l'élégance du chat. Des associations, des particuliers militent pour la défense des galgos. Ils œuvrent pour soigner, sauver et aider à l'adoption de ces chiens parfois dans un très triste état physique et mental. C'est à eux que cette chanson est dédiée ainsi qu'à tous ceux qui défendent la cause animale. Adopter un galgo, ça change la vie. » A Gaïa, adoptée par Éric.

De « Parlons-nous » en 2009 avec « Vingt ans » en passant par « Chroniques » en 2012 avec « Graine d’ananar » et par « Sous mon chapeau » en 2016 avec « La solitude » jusqu’à « Charleville » en 2019 avec « L’âge d’or », une chanson de Léo Ferré est systématiquement reprise sur chaque album. Eh bien, figurez-vous que sur ce nouvel opus il y a également un Ferré. Pas étonnant ? Et bien si, quand même un peu car il s’attaque au monumental « La mémoire et la mer » :

"C’est un titre emblématique de Léo Ferré qui a déjà été beaucoup repris mais j’avais envie de mettre ces mots dans ma voix tant cette poésie est exceptionnelle. Je voulais aussi y mettre ce côté rock que Léo a en lui et que je n’ai jamais entendu dans les différentes versions. C’était aussi l’occasion de mettre mon habit de “Gilmour” et de me laisser aller à faire un long solo de guitare à la Pink Floyd à la fin de la chanson. J’ai toujours rêvé d’être un Guitar Hero ». Totale réussite pour cette reprise phénoménale.

Sur ses précédents albums, Il a aussi fait des reprises de Béranger bien sûr, mais aussi de Dimey ou encore de Bühler… Pas étonnant non plus… Sur ce nouvel album il fait aussi une reprise, et là plutôt très étonnante, de Mylène Farmer. Même si c’est inattendu ce n’est pas vraiment une surprise, pour qui suivait chaque jour du confinement « Le concert en pointillé du matin », car le 30 mars 2020 au 11ème jour de ce concert, Éric a surpris tout le monde en chantant « Rêver » de Farmer.

Et bien c’est cette très jolie chanson qu’il reprend, seul à la guitare. Et c’est sublime.

Et puis il y’a beaucoup de chansons joyeuses, de chansons drôles comme « Ma jeunesse », « Le trou de mémoire » ou « Le festival Grange » chanson dédiée à l’association Chant’morin qui défend depuis près de 30 ans la belle chanson française d’auteur en invitant des artistes de grands talents non-médiatisés. Dans la même catégorie, « L’amour idiot » fait honneur à la femme que l’on aime, à la femme qu’il aime et affirme que l’amour est plus fort que tout…

« Paraît qu’l’amour ça rend idiot
En tout cas ça fait l’monde plus beau
Au monde crado dans les infos
De loin, j’préfère l’amour idiot »

Et puis il y’a le fabuleux, l’extraordinaire « Trop de mots dans mes chansons », chanson au rythme endiablé, très jazzy, très rock, très drôle, très swing où les mots et les notes virevoltent et s’entremêlent dans un rythme effréné ! C’est un must, une réussite… Jouissif !

Cet opus se referme, comme d’ailleurs ses concerts, par la très jolie chanson d’amour « Au bercail », belle communion entre l’artiste et son public venu le voir sur scène. Un concert c’est de la complicité, du partage, des belles ondes positives et beaucoup, beaucoup d’amour… C’est pour cela qu’il faut aller voir les artistes en concert, le spectacle vivant sublime un peu plus encore leur œuvre studio.

Une fois l’écoute de cet album terminée, on a qu’une hâte, repartir du début, refaire et refaire encore le voyage extraordinaire du tumulte des choses.

A travers ce nouveau petit bijou que Frasiak nous offre, il prouve une nouvelle fois, qu’outre être un grand auteur, il est aussi un compositeur, un mélodiste et un musicien hors pair. Il y a de la joie, il y a de l’intelligence, il y a du lyrisme, il y a des envolées musicales sublimissimes dans cet album. 15 chansons, 15 pépites !

Alors, posez-vous, mettez votre CD sur du bon matos afin de découvrir toutes les subtilités des textes et des musiques, montez le son… Et laissez-vous porter… Savourez, appréciez cet instant suspendu hors du temps. Putain, que c’est beau !

FRASIAK est au sommet de son art !

Oui, cet opus est essentiel et indispensable. C’est un album qui vous rend heureux, qui vous fait du bien et qui vous donne la pêche.

Une nouvelle fois bravo et merci, l’artiste… Quel talent !

 Retrouvez cette chronique en image et en musique sur ma chaine YouTube :

https://youtu.be/yIHkS3H3asQ