Chanson Plus Bifluorée

par Jacques BONNADIER, journaliste à Marseille

… après la diffusion sur France Inter d’une facétie radiophonique signée Chanson Plus bifluorée; pour saluer le talent d’un groupe fondé en 1985, dont les trois artistes, à l’image de ce que furent en leur temps les « Frères Jacques », s’avèrent dignes du titre d’athlètes complets de la chanson.

France Inter, « Matinale » du samedi 20 mars, 7 h 42, émission d’Eric Delvaux « Le cabinet de curiosités ». Le chroniqueur annonce une autre façon de réhabiliter le vaccin Astrazénéca par le groupe Chanson Plus bifluorée, une parodie sur le « titre culte » de Johnny Cleg Azimbonanga. Et l’on entend ceci : Astrazénéca/Adenovirus vaccina/Astrazénéca/ils ont fait ça fissa/Astrazénéca/quicé le champion du munda/Pas moderna/c’est Astrazénéca… Peut-être étiez-vous à l’écoute ; sinon, cliquez sur les liens ci-dessous et riez de bon cœur !*


Chanson Plus bifluorée
 est né en 1985 de la fusion de deux duos : Le Mécanophone (« Toujours à phon, jamais aphone ») formé de Xavier Cherrier et de Robert Fourcade, dit Boubou, et Le Gong du balayeur (« du café-théâtre sans foi ni loi ») formé de Sylvain Richardot et Michel Puyau. J’ai eu le bonheur de les connaître dès leurs débuts marseillais, quelques mois plus tard – les 7 et 8 février puis le 6 décembre 1986 – au théâtre de l’Escoutille… ; et le privilège de présenter le 21 février de cette même année leur première apparition télévisée dans le « Magazine des Arts » de FR-3 Méditerranée.

Perfectionniste, on ne le sera jamais assez ! chantaient alors nos lascars – c’était un peu leur « indicatif ». Les archives de l’INA conservent la trace de la prestation fort réjouissante que fut leur baptême télé ; une véritable curiosité, notamment par leurs vêtements et chaussures on ne peut plus dépareillés – rien d’une « tenue de scène », bien qu’ils aient pris soin de convertir en cravates multicolores quatre ceintures en plastique fluo achetées au « Prisu » des Cinq-Avenues ! En tout cas, un chouette souvenir dont nous nous amusons encore ensemble trente-cinq ans après…

MarseilleCPB 1 peut ambitionner à bon droit d’avoir participé au lancement des quatre histrions chantants, tous sudistes bon teint et tirer quelque fierté de leur irrésistible ascension sur les chemins du succès, « Boubou » parti (en 1997) pour tenter de nouvelles aventures – il est décédé en 2004 – le groupe devenu trio a poursuivi avec un succès sans cesse croissant son exemplaire parcours de scène en scène, y compris les plus grandes et les plus prestigieuses, en France (Olympia, Alhambra, Casino de Paris, Bouffes Parisiens, Printemps de Bourges, Francofolies de La Rochelle, Festival d’Avignon… ) et à l’étranger (en Europe et au Canada).  Marseille et sa région l’ont reçu maintes fois, notamment le Théatre Toursky où Chanson Plus a fêté triomphalement ses 25 ans le 22 janvier 2013 – et où l'on peut espérer le revoir bientôt…

Où qu’il aille, le trio n’a cessé de conquérir un public très divers avec son spectacle jubilatoire de bout en bout, superbement mis en scène par Marinette Maignan (une ancienne du groupe de jazz vocal TSF) : un récital « pour de rire » et « pour de vrai » où voisinent tous les styles, tous les registres possibles et imaginables du répertoire chansonnier français de tous les temps par lui-même revisité. Ces trois-là sont incontestablement les rois actuels du pastiche et de la parodie, les princes de la facétie et du burlesque. Et quelles voix, mesdames, messieurs ! Quelles harmonies ! Et quel brio dans l’art de la comédie !

Les titres de leurs chansons-parodies, dont ils chipent délibérément les mélodies à leurs compositeurs, sont à eux seuls tout un programme. Nombre d’entre eux sont devCPB 2enus des tubes incontournables : Le moteur à explosion, L’informatique, Au volant de l’Espace, Le micro-ondes, Avoir du Sopalin, Moi, je fais la vaisselle, Grosse chignole de mes amours, le chanteur bayonnais, l’OGM, Ce soir, j’attends Ségolène, Mon pieu, Jobard, Les comiques… Plus des chansons plus tendres (La Javanaise) ou plus engagées (Quand un soldat, La Marseillaise de la Paix…). A quoi s’ajoutent leur gimmick favori qu’ils mettent à toutes les sauces, le fameux « Ipo Taï Taï Yé », formule magique chantable sur tous les airs possibles. Et je n’oublie pas les sketches, dont l’inénarrable Peler les noix, inventé un soir à partir d’une simple plaisanterie, qui est devenu l’un des morceaux de bravoure du spectacle.

Si vous pensez que j’en fais un peu trop, allez donc explorer le site du trio où sont présentés disques et vidéos** ; rendez vous sur Youtube, écoutez et voyez ; faites-vous votre propre idée ! Et surtout ne manquez pas leur prochain passage près de chez vous, soyez attentifs à la publication de leur prochain disque, un double album! On l’attend pour septembre.

Ecouter Chanson Plus bifluorée, rien de plus utile, de plus salutaire en nos temps incertains !*** On ne peut que rendre grâce à Sylvain Richardot (chant, piano, guitare, dulcimer), Michel Puyau (chant, guitare, ukulélé, harmonica) et Xavier Cherrier (chant, cuisine), comme à de véritables bienfaiteurs. Rien de mieux, croyez-moi, que leur chant et leur jeu

*www.franceinter.fr/emissions/le-cabinet-de-curiosites/le-cabinet-de-curiosites-20-mars-2021

**http://www.chansonplus.fr/

***https://fr-fr.facebook.com/ChansonPlusBifluoree/videos/2758668091050592/

© Crédit photos - Serge Joseph